En 2022, plus de 28 % des adultes interrogés dans une étude paneuropéenne ont déclaré avoir ressenti une anxiété significative avant ou pendant un déplacement. Ce pourcentage grimpe à 41 % chez les personnes ayant déjà vécu un incident lors d’un précédent voyage.Les professionnels de santé mentale observent une augmentation constante de ce phénomène depuis une décennie, sans corrélation directe avec la fréquence des déplacements ou l’ampleur des menaces réelles. Certaines compagnies d’assurance signalent même une hausse de 17 % des demandes d’assistance psychologique liées au voyage sur les cinq dernières années.
L’anxiété liée au voyage : un phénomène en hausse dans nos sociétés contemporaines
Le stress lié au voyage s’est imposé dans le quotidien de beaucoup, sans distinction d’âge, de statut ou de destination. Des enquêtes récentes mettent en lumière une préoccupation croissante : la peur de voyager et l’angoisse des vacances progressent en Europe comme en Amérique du Nord. La crise sanitaire n’a fait qu’accentuer la tendance. Les sujets d’inquiétude s’additionnent : la peur de l’avion touche un adulte sur dix, parfois bien davantage selon les études, mais l’organisation, la contrainte du budget et les appréhensions diverses s’invitent elles aussi dans l’équation.
Préparer un départ devient souvent une affaire de détails, de listes interminables, de décisions à prendre. Le terme Wanderlost illustre ce découragement qui monte face à la surcharge mentale, jusqu’à faire renoncer certains au simple plaisir de partir. Chez beaucoup de voyageurs, la question du budget voyage passe au premier plan, freinant davantage les envies que les peurs du transport ou de la nouveauté. Cette anxiété ne s’éteint pas une fois sur place : elle peut transformer le moment des préparatifs, du départ ou même de l’arrivée, pouvant aller jusqu’à ces chocs culturels extrêmes que sont le syndrome de Paris ou le syndrome de Jérusalem.
Concrètement, un tel stress apporte son lot de conséquences :
- Le bien-être psychique s’en ressent, car un stress prolongé finit par user l’organisme et la motivation.
- Les vacances devraient offrir un moment suspendu, mais quand l’anxiété s’installe avant le départ, l’effet bénéfique se fait attendre, voire disparaît.
- Parfois, la succession de décisions et de préparatifs finit par épuiser au point que l’on ne retire plus aucun bénéfice du voyage attendu.
L’équilibre en vacances n’a rien d’uniforme : les Européens, qui profitent généralement de plus de jours de congés, savent mieux sauvegarder leur temps libre. À l’inverse, sur le continent nord-américain, la pression professionnelle tend à effacer le répit normalement lié aux vacances.
Quels profils sont les plus concernés par l’angoisse du déplacement ?
La prévalence de l’anxiété voyage ne se répartit pas au hasard ; elle s’explique par le contexte de chacun, l’histoire personnelle, la façon de gérer ses émotions. Les adultes déjà soumis à un stress chronique sont souvent les premiers affectés par l’angoisse du déplacement. Ceux et celles qui gèrent l’organisation pour plusieurs, qui portent la responsabilité des bagages et de la logistique, évoluent dans une tension élevée.
La peur de voyager en famille réapparaît chez des parents confrontés à leurs propres peurs autant qu’à celles de leurs enfants. Chaque contrainte supplémentaire, chaque imprévu ou moment d’incertitude peut transformer le trajet en épreuve. Les parents solos, privés de relais, vivent encore plus intensément ces tensions, sans partage possible des tâches ou de la charge mentale.
Quelques catégories de voyageurs se distinguent : voici lesquelles, selon les observations de terrain et les retours cliniques des praticiens.
- Les adultes particulièrement sensibles, ou sujets à la phobie des transports, affrontent les plus grandes difficultés.
- Les personnes peu habituées à quitter leur environnement, susceptibles de vivre des épisodes sévères de syndrome du voyageur, version Paris ou Jérusalem, éprouvent souvent des troubles d’adaptation réels.
- Ceux et celles qui recherchent la perfection et veulent tout contrôler, sont confrontés à une angoisse qui monte à mesure que la date approche.
Pour ces profils, des professionnels comme Charlotte Russell ou Célia Charpentier recommandent un réel accompagnement psychologique lors de la préparation du voyage. Privilégier les départs en groupe ou en famille, pouvoir compter sur un soutien affectif joue, d’ailleurs, un rôle protecteur non négligeable.
Des pistes pour mieux comprendre et atténuer l’anxiété avant de partir
À l’approche d’un départ, la charge mentale grimpe en flèche, surtout pour celles et ceux qui doivent tout anticiper. Cette fameuse impression de « Wanderlost » s’invite souvent au cœur de la préparation, surtout lorsqu’il s’agit d’organiser un voyage à plusieurs.
Certains moyens permettent pourtant d’agir et de réduire la pression :
- Préparer l’itinéraire assez tôt, tout en s’autorisant de la souplesse pour éviter la sur-planification.
- Réserver les principaux aspects du voyage à l’avance pour écarter les incertitudes évitables.
- Alléger le contenu des valises : voyager léger, c’est déjà s’offrir une marge de liberté et de calme.
- Utiliser des outils numériques pour s’organiser, suivre ses dépenses ou vérifier un vol : planifier, c’est aussi se rassurer sans se noyer dans les détails.
- Déléguer une partie de la préparation, à une agence ou à un proche, lorsque l’option existe.
Le moment du vol concentre une grande part des inquiétudes, près de 40 % des adultes redoutent l’avion. Quelques stratégies font la différence : relaxation, prise d’information sur les étapes de sécurité, séances d’accompagnement psychologique au besoin. Adapter la destination pour éviter la foule, insérer dans les journées de préparation des instants au calme, lecture, marche, respiration, aide à alléger la pression ressentie.
L’aspect financier, lui, continue de peser lourd. Les sondages pointent le budget comme principal frein. Tenir un tableau de suivi, définir une enveloppe, ajuster les objectifs selon les moyens disponibles : cette honnêteté face à la réalité financière contribue à rendre les projets de voyage plus accessibles, et surtout plus paisibles.
Partir l’esprit libre, dans un équilibre retrouvé entre envies et contraintes, n’a finalement rien d’un privilège réservé. C’est là, dans la simplicité d’une valise fermée et d’un cœur léger, qu’on retrouve le vrai goût de l’aventure. Le défi, aujourd’hui, n’est plus de partir plus loin, mais de partir plus serein.